Ces dispositions prises dans la précipitation par le gouvernement sont censées apporter des avantages aux salariés du privé en suivant les dispositions du droit de l’Union Européenne en la matière mais elles présentent également des inconvénients car elles ne les reprennent pas toutes à l’identique.
Avantages
La loi promeut désormais l’égalité de traitement entre tous les salariés. Qu’il s’agisse d’un arrêt de travail pour maladie ou accident, d’origine professionnelle ou non, tous les salariés ont le droit d’acquérir des congés payés. Auparavant, seuls les salariés en arrêt de travail pour des raisons professionnelles en bénéficiaient. Les autres ne pouvaient en bénéficier que si l’employeur le prévoyait.
En s’appliquant rétroactivement aux périodes d’arrêt maladie antérieures à son adoption, la loi permet aux salariés qui avaient été en arrêt maladie non professionnel avant son entrée en vigueur de bénéficier de congés payés.
Elle prévoit également un report de la prise de congés de quinze mois pour les salariés qui ont été en arrêt pour maladie ou accident d’origine non professionnelle. Et en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, l’indemnité compensatrice de congés payés ne peut plus être limitée à un an.
Toutefois la loi présente aussi des inconvénients car elle est, sur certains aspects, bien plus restrictive que ne l’est le droit de l’Union européenne en la matière.
Inconvénients
- Elle vient complexifier la gestion des congés payés lorsque l'année de référence d'acquisition des congés comportera des périodes de travail effectif ou assimilée (hors arrêt maladie) et des périodes d'arrêt maladie. Un double décompte sera nécessaire car les droits seront différents selon les mois. Par exemple pour un salarié travaillant pendant 32 semaines (équivalent de 8 mois) et en arrêt maladie pendant 16 semaines (4 mois) il faudra calculer qu’il aura acquis 2,5 × 8 = 20 jours ouvrables de congés payés au titre des périodes de travail et 2 × 4 = 8 jours ouvrables au titre de l'arrêt maladie, soit au total, 28 jours ouvrables de CP. Les salariés devront donc être vigilants et vérifier ce qui aura été calculé.
- L’indemnité de congés payés calculée selon la règle "du dixième est également impactée. ", la loi prévoit, en effet, que le salaire fictif des absences pour accident ou maladie non professionnels, selon l’horaire de travail de l’établissement, ne sera pris en compte que dans la limite de 80 %. Ceci est bien plus restrictif que pour les AT/MP qui sont à 100%. Ces 80% proviennent du fait que nous ne sommes plus sur cinq semaines de congés payés mais sur quatre lorsqu’il s’agit d’arrêts maladie ou accident d’origine non professionnelle. Ce point est plus restrictif que ce que prévoit le droit de l’Union européenne.
- Cette loi induit une discrimination liée à l'état de santé : entre salariés malades et non malades (5 semaines pour les uns et 4 semaines pour les autres). Ceci n’est pas conforme au droit de l’Union européenne.
- La disposition qui prévoit que les salariés ayants quitté définitivement l'entreprise depuis plus de 3 ans ne pourront plus agir en justice n’est pas non plus conforme au droit de l’Union européenne : c'est la date de fin de la période d'exercice des droits à congés qui aurait dû être prévue et non la date de la fin de la période d'acquisition.
- La forclusion, passés deux ans, prévue pour une demande de rappel de jours de congés à compter de la publication de la loi est également insuffisante au regard du droit de l’Union européenne.
Conclusion
Cette loi, nous venons de le voir, est plus restrictive que le droit de l’Union européenne sur de nombreux points en matière de congés payés lors d’un arrêt de travail pour maladie ou accident.
Les équipes syndicales devront donc, dès à présent, tenter de négocier des accords de branche, d’établissement ou d’entreprise afin de faire évoluer ces derniers sur le report qui peut être négocié et aller au-delà des 15 mois légaux.
Elles devront parallèlement veiller à ce que les textes qui leur sont applicables soient en conformité avec la loi sur les autres points.
Les équipes devront également accompagner les salariés en poste qui auront perdu leurs congés du fait de la maladie car ceux-ci devront, quant à eux, agir vite car la loi leur applique un délai de forclusion qui n’est que de deux ans à compter de sa publication pour des arrêts pouvant remonter au 1er décembre 2009.
Quant à ceux ayant déjà quittés l’entreprise, ceux-ci ne disposeront que d’un délai de trois ans pour faire valoir leurs droits.
Il est clair que des contentieux seront encore certainement nécessaires pour faire avancer la législation française relative à la maladie et aux congés payés. Il est aisé de constater qu’il y a discrimination entre salariés malades et ceux qui ne le sont pas et que les dispositions prises ici ne sont pas toutes en conformité avec le droit de l’Union européenne.