instance collégiale DH

Instance collégiale DH du 27 février 2025 – “Comme dit si bien Verlaine au vent mauvais”

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Le SYNCASS-CFDT n’est pas coutumier de la métaphore météorologique. Pour autant, c’est bien au mauvais temps que les derniers développements de l’actualité hospitalière font songer.

Certes, le PLFSS a été adopté, sans vote, dans une version moins contrainte que l’épure prévue à l’automne dernier. Dans un autre contexte, cette seule annonce aurait suffi à susciter quelque satisfaction.  Pourtant personne ne trouve là matière à se réjouir tant les clôtures prochaines des comptes financiers témoignent d’une dégradation sans précédent des situations budgétaires et de trésorerie.

Les déficits à deux chiffres exprimés en pourcentage des produits ne sont plus exceptionnels. Les situations de trésorerie sont si tendues qu’elles entraînent le recours à des expédients de plus en plus néfastes, à travers entre autres l’augmentation déraisonnable des délais de paiement des fournisseurs et le non-paiement des cotisations dues aux organismes de protection sociale. Face aux impasses, ces expédients sont acceptés voire suggérés par les autorités mêmes qui devraient s’en émouvoir.

Aux légitimes et profondes inquiétudes financières s’ajoutent les stigmates persistants de la crise sanitaire et ses prolongements multiples : fatigue et irritabilité des équipes, tensions récurrentes sur les recrutements, surenchères sur les rémunérations médicales. Les collègues, rompus à l’exercice de crise et conscients de leurs responsabilités, continuent d’affronter ces difficultés variées. Phénomène nouveau par sa fréquence et son ampleur dans des territoires et des établissements de natures diverses, nous assistons désormais à la mise en cause directe, et parfois personnelle, des chefs établissements. Ici, c’est une ARS qui communique abruptement et sans considération pour les intéressés à la presse régionale son intention de remplacer les directeurs de tout un GHT ; là, ce sont des dénonciations dans les médias lorsqu’une décision de gestion n’est pas acceptée ; là encore, des mises en cause judiciaires personnelles, face à des incidents certes aux conséquences graves mais relevant du fonctionnement du service, sans même avoir été entendu en amont de l’instance…

Enfin, l’interruption de détachements de chefs sur emploi fonctionnel avant ou à l’occasion des échéances quadriennales devient plus fréquente. Cette décision n’appelle certes pas toujours de motivation (dans les cas de non renouvellement notamment), mais l’exercice professionnel des directeurs s’inscrit dans un processus d’évaluation annuelle : il est normal et même nécessaire d’exprimer à cette occasion les corrections et axes de progression attendus. C’est souvent l’absence de signes avant-coureurs, voire des échos essentiellement positifs, qui suscitent l’incompréhension devant la brutalité et l’irréversibilité des revirements décisionnels. Le tout imposé dans des délais trop contraints pour se repositionner, c’est-à-dire candidater et partir.

Le SYNCASS-CFDT a toujours défendu le pendant de la responsabilité des fonctionnaires d’autorité, que sont les directeurs de la fonction publique hospitalière, à savoir la nécessité de rendre compte et le contrôle du juge sur les décisions qu’ils prennent. Il est bien placé pour mesurer la difficulté de l’examen contradictoire de chaque situation. Il existe des signalements de management toxique avéré, certains connus et dénoncés depuis longtemps qui sont demeurés et demeurent encore sans réaction adaptée. Il est du devoir de chaque partie prenante d’agir pour les faire cesser, à commencer par les organisations syndicales.

Cependant, le recours de plus en plus répandu à des mises en cause judiciaires et médiatiques ne peut pas devenir un mode de règlement de tensions internes inhérentes au fonctionnement des établissements. Alors que les dispositifs de conciliation et de médiation régionale et nationale se sont largement développés, les autorités publiques doivent s’inscrire dans une cohérence de positionnement et de décision avec une boussole qu’il est de l’intérêt de tous de partager : la continuité et la sécurité du fonctionnement des hôpitaux, la préservation des personnes et des collectifs de travail, le respect des fonctions les plus exposées. Et de grâce, évitons d’invoquer à tout bout de champ les solutions à l’emporte-pièce des directions communes comme panacée universelle à tous les problèmes, du déficit aux équipes médicales refusant de coopérer !

Il faut reconnaître que l’instabilité et les tensions actuelles au sommet de l’Etat ne favorisent pas la sérénité. Les ARS sont sous forte pression et doivent, elles aussi, gérer des injonctions contradictoires alors que leur légitimité, à l’instar de nombreuses autres agences de l’Etat, est mise en cause par des discours qui masquent (mal) derrière leur supposé « bon sens » des résonnances populistes.

Les chefs d’établissement en poste, dont l’intérêt au travail et la motivation première restent le fonctionnement du service public qu’ils doivent garantir, doivent-ils pour autant, sans aucun discernement, devenir une cible privilégiée d’attaques dont le fondement n’est pas toujours vérifié et dont la multiplication interroge ?

L’instance collégiale recueille les candidatures des collègues prêts à s’investir en dépit de ces vents mauvais. Le SYNCASS-CFDT exprime à nouveau le vœu que le travail de l’instance poursuive une démarche de gestion cohérente dans l’accès aux emplois. Et que la suite de leur carrière de chefs soit gérée dans le respect de leurs droits et avec la considération due à leur engagement